El Raval, un quartier dangereux?
J’habite dans le quartier du Raval à Barcelone, et à chaque fois que je dis à quelqu’un que j’habite là-bas, j’entends presque toujours la même réponse: “mais c’est dangereux non?!”. Il suffit de taper les mots clés raval et dangereux dans Google pour se rendre compte que beaucoup pensent encore que c’est un quartier dangereux où votre vie est mise en péril dès que vous avez quitté les Rambles et mis un pied dans une des rues étroites et soit disant sombres du Raval.
Personnellement je me suis jamais senti en danger dans ce quartier, j’ai jamais vu une seule bagarre, une descente de flics énorme ou assisté à des trucs hors la loi (bon, si on met de côté la vente de drogue mais n’est pas plus présente dans ce quartier que dans le reste de Barcelone). Je me suis promené dans ce quartier à tout moment de la journée ou de la nuit et dans plus ou moins tout les états (pardon maman) 🙂 Et j’ai toujours été tranquille, très tranquille. C’est sûr que c’est pas l’ambiance bobo “je mange que des bouts d’écorce d’arbres et tout le monde est mon ami” du Borne mais c’est un quartier où il fait bon vivre, où il se passe toujours quelque chose et où au bout d’un moment, vous connaissez les prénoms des pakis qui vendent des bières au coin de votre rue et vous vous attardez un moment pour parlez avec eux. Avec tout ce que j’entends toujours, je me suis donc demandé d’où pouvait venir cette mauvaise réputation du quartier. Voici quelques éléments de réponse trouvés sur internet.
Le Raval de 1800
Vers 1800 le quartier est encore peu peuplé, il se transforme rapidement au milieu du XIXème siècle pour devenir une zone industrielle textile majeure, attirant avec elle sont lot de population. L’urbanisation rapide de Barcelone, qui suit cette période, entraîne la marginalisation d’un quartier où la pollution et les problèmes épidémiques fréquents font grimper de manière vertigineuse le taux de mortalité. La prostitution, les vols et l’arrivée de l’héroïne dans les années 1970 finissent d’isoler le quartier. Lieu de débauche des marins, El Raval avait la mauvaise réputation d’accueillir les bordels, les bars louches et les fumeries d’opium à la manière du quartier rouge d’Amsterdam. Un vrai quartier de mauvais garçons et de mauvaises filles.
Un second souffle venu d’Olympe
C’est avec l’arrivée des Jeux Olympiques de 1992 que la physionomie del Raval évolue. Dès 1988, les foyers de prostitution et de trafic d’héroïne sont démolis pour être remplacés par des bâtiments à la hauteur de l’évènement. Dans le pas de ce remodelage esthétique, naissent deux des plus importants centres culturels de la ville : le MACBA et le CCCB. Artistes, artisans et autres commerçants affluent alors, ne faisant qu’ajouter au caractère déjà typique del Raval. En 1999, une partie du quartier est détruit pour laisser place à la “Rambla Del Raval”, sensée lui donner un visage plus “net”. Catalans, Espagnols, Pakistanais, Philippins, Maghrébins, Français et bien d’autres encore, cohabitent dans ces rues enivrantes qui symbolisent à elles seules le métissage culturel propre à Barcelone.
Le Raval d’aujourd’hui
Aujourd’hui on peut diviser le quartier en 2 zones. En partant de carrer de l’hospital qui traverse le raval de l’est à l’ouest, on peut différencier le nord et le sud du Raval. Si le sud est plein de rues étroites, un peu sombres, de magasins de téléphones, supermarchés et de bazars tenus par les Pakistanais et les Chinois, le nord présente un visage plus jeune, plus moderne, plus trendy. Vous y trouverez de nombreuses boutiques de fringues, de seconde main, de petits restaurants ou de bars parmi les meilleurs de la ville. Il y a de nombreux parcs, places et terrasses (la plaça de la Gardunya derrière le marché de la Boqueria vient tout juste d’être rénovée et elle est magnifique). Vous y trouverez le MACBA, le CCCB, le mercat de Sant Antoni (bon en rénovation maintenant), le marché de la boqueria, le musée maritime, la palais Güell, la Rambla del Raval.
Le Raval est-il alors un quartier dangereux? Pas plus dangereux que tout les autres j’ai envie de dire. Si vous respectez les gens qui y vivent (souvent avec des moyens financiers largement inférieurs aux vôtres), si vous ne vous promenez pas avec un appareil photo à 1000 euros autour du coup ou zig zaguez bourré dans la rue à 4h du matin en insultant tout le monde (si si, ça arrive!) Bref, si vous faites un peu attention comme au final partout ailleurs où vous partez en vacances, il ne vous arrivera sûrement rien du tout.
C’est un quartier qui vaut vraiment la peine d’être découvert. Descendez la très (trop) touristique Rambla et enfilez-vous dans une des rues qui part sur la droite. N’importe laquelle j’ai envie de dire. Marchez, visitez les boutiques, prenez un café et perdez-vous dans ce quartier animé et si beau.
Si vous avez envie de découvrir ce quartier, jetez un oeil à ma carte interactive et zoomez dans le Raval, j’y répertorie mes endroits préférés. Et vous pouvez voir quelques-unes de mes photos prises dans le Raval sur ma page flickr.
Mise à jour – 27.09.20: Avec la disparition des touristes, les voleurs se rabattent sur les locaux et les vols à l’arracher et les rackets augmentent à vue d’oeil. Personnellement je déconseille de se promener dans la partie du raval située sous carrer de l’hospital et la rambla del raval. C’est devenue sacrément craignos.
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